Le maître d’œuvre des politiques financières libanaises

Le maître d’œuvre des politiques financières libanaises

À l’issue de son mandat, dans le courant de l’année, le gouverneur de la banque centrale libanaise, Riad Salameh, a fait part de son intention de partir. Cela met fin à une carrière de trois décennies entachée de décisions litigieuses qui ont entraîné l’effondrement économique du pays.

Salameh, 72 ans, a déclaré dans une interview accordée à la chaîne de télévision Asharq vendredi qu’il ne sollicitera pas un nouveau mandat. Par ailleurs, il fait également l’objet d’enquêtes internationales sur le blanchiment d’argent et les détournements de fonds. Le banquier expérimenté a affirmé qu’il disposait des documents permettant d’établir son innocence.

 

Le départ du poste entraînera probablement davantage de perturbations dans l’économie

Ce départ marquera le début d’un nouveau chapitre dans la description par la Banque mondiale des bouleversements les plus graves depuis le milieu du XIXe siècle. Salameh a été l’une des rares constantes au Liban, alors que Beyrouth était aux prises avec un conflit, des impasses politiques inextricables et un effondrement économique. Il est bien connu à Wall Street et dans les capitaux étrangers.

Salameh était banquier privé chez Merrill Lynch avant de devenir gouverneur en 1993. Avant que la parité de la monnaie libanaise ne déraille fin 2019, il a joué un rôle clé dans son maintien pendant plus de deux décennies.

L’économie du Liban s’est effondrée lorsqu’il a fait défaut sur 30 milliards de dollars de dette extérieure il y a deux ans. L’inflation à trois chiffres et l’effondrement de la monnaie ont fait des ravages sur les économies des gens. La crise a mis en lumière la responsabilité de Salameh dans des initiatives telles que l’initiative dite d’ingénierie financière de la banque centrale. Elle a débuté en 2016 afin de stimuler les réserves.

En forçant les politiciens à trouver des candidats pour un poste réservé à la communauté chrétienne maronite dans le cadre de l’arrangement sectaire de partage du pouvoir au Liban, la décision de ne pas briguer un autre mandat pourrait déclencher encore plus de volatilité. Le premier vice-gouverneur, qui est un musulman chiite, prendrait le relais si le poste est vide en vertu du statut, jusqu’à ce qu’un remplaçant permanent soit choisi.

 

Alors que la crise s’aggrave, les autorités internationales commencent à enquêter sur Salameh.

Salameh est également confronté à des allégations de corruption au Liban. Dans une enquête collaborative sur le blanchiment d’argent et le détournement de fonds publics au Liban entre 2002 et 2021, le gouverneur sortant est l’un des principaux suspects. Le mois dernier, une délégation judiciaire européenne s’est rendue au Liban et a interrogé des banquiers et d’anciens responsables de la banque centrale.

Selon Bloomberg, les autorités suisses enquêtent également sur des allégations selon lesquelles Salameh aurait bénéficié de la vente d’euro-obligations libanaises détenues dans le portefeuille de la banque centrale. Le lien entre Raja Salameh et la société de courtage Forry Associates Ltd préoccupe également les responsables. Cette dernière aurait perçu des commissions sur la vente d’euro-obligations aux investisseurs.